Chroniques de cinéma-bis

Repères, anecdotes et noms écorchés au micro

- On voulait rendre hommage à nos chers disparus... (émission 86 du 2006-02-08)
- Mummy blues et vieilles lanternes (émission 83 du 2005-12-13)
- Turkish Pop Cinema Double Bill (émission 81 du 2005-11-15)
- Bacchanales infernales : le Péplum décadent (émission 74 du 2005-05-17)
- Mario Bava et Jesùs Franco : oui au cinéma fantasmatique européen (émission 73 du 2005-05-03)
- Le nouveau Trash Times (émission 70 du 2005-03-22)


 

Intro :

Der Gorilla von Soho (Peter Thomas Sound Orchester, 1968) - extrait de la bande originale du film éponyme d’Alfred Vohrer. Disponible sur compilation allemande Polydor – Stereosonic Easy Loungin’ Collection.


Mummy blues et vieilles lanternes

Lundi 18 novembre, l’Assemblée Nationale adoptait le budget de la culture pour 2006. A l’initiative de Pierre- Christophe Baguet, député UDF des Hauts-de-Seine – grâce lui soit rendue - et contre l’avis du ministère de la culture, la taxe relative à la vente et la location pour les documents audiovisuels à caractère pornographique ou de «très grande violence» passera de 2 % à 10 %. Le gouvernement n'a pas donné son accord à cette modification législative, craignant que le concept «d’œuvre de très grande violence» ne soit pas assez précis pour être appliqué en l'état. La commission des finances, favorable à la création d'une taxe plus élevée, proposera que la notion de vidéogrammes à très grande violence soit définie par décret.

Sachant que le très flou qualificatif «d’œuvre de très grande violence» s’applique aussi bien à des productions underground dont les dérives poisseuses ne seront goûtées que des seuls initiés ou de quelques curieux (Naked Blood à la masochiste autophage clitoridienne et oculaire), qu’à des films d’auteur explorant avec profondeur et pertinence les errances malséantes d’une humanité ravagée (Sympathy for Mr Vengeance), ou encore à des témoignages historiques et sociaux battant en brèche le rôle positif de la représentation française outre-mer, notamment en Afrique du Nord (La Bataille d’Alger de Gillo Pontecorvo),

Sachant en outre que les plus grands fléaux de la pornographie sont la réduction des rapports humains à une compétition physique entre des Barbie et des Ken cyber - sexués et cyber - décervelés, ainsi que leur asservissement à des critères terriblement normatifs avec tout ce que cela entraîne de stéréotypes martelés et de sectorisation de plus en plus atomisée (spécial porte de derrière en bref sursis, spécial fétichisme de l’orteil gauche turgide...), quel impact pour cet amendement dissuasif ? Une bonne conscience hypocrite contribuant encore à l’appauvrissement de ce qui pourrait être un vivier d’œuvres gaiement transgressives et étonnamment imaginatives. Les pourvoyeurs de hardcore chicos à forte teneur en partouze lyophilisée comme les margoulins de l’extrême hard-crad sans limite, indiffusable mais déjà disponible sur Internet, se frottent les mains.

Sachant enfin qu’au moment où notre Ministre de l’Intérieur jouait les cracheurs de feu, un député UMP des Pyrénées-Orientales, Daniel Mach – que son nom soit désormais écrit à l’or fin - engageait des poursuites judiciaires contre un rappeur pour «outrage aux bonnes mœurs» au motif qu’ «on ne peut pas se cacher derrière la liberté d’expression. (...) Peut-être que Sade a été trop lu par Dutroux et Céline par Hitler»,

Sachant tout cela, on se dit que les rois de la démagogie et de l’amalgame éhonté porteront beau en 2006.

Et de se rappeler, on ne sait trop pourquoi, cette absurde tirade tirée du non moins absurde L’aube des zombies de Frank Agrama (Dawn of the Mummy, 1981) : «C’est la révolution mon vieux ! Et si tu ne sais pas par qui te faire foutre, il y a les chameaux qui ne demandent que ça.»




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