Chroniques de cinéma-bis

Repères, anecdotes et noms écorchés au micro

- On voulait rendre hommage à nos chers disparus... (émission 86 du 2006-02-08)
- Mummy blues et vieilles lanternes (émission 83 du 2005-12-13)
- Turkish Pop Cinema Double Bill (émission 81 du 2005-11-15)
- Bacchanales infernales : le Péplum décadent (émission 74 du 2005-05-17)
- Mario Bava et Jesùs Franco : oui au cinéma fantasmatique européen (émission 73 du 2005-05-03)
- Le nouveau Trash Times (émission 70 du 2005-03-22)


 

Intro :

L’Alba dei Morti Viventi (Goblin, 1978) - extrait de la bande originale de Zombie de George A. Romero. Disponible sur compilation The Goblin Collection 1975 – 1989. DRG MOVIES.


On voulait rendre hommage à nos chers disparus...
...mais les vivants morts nous ont bouffé la vie

J’avais prévu de faire les nécrologies de Shelley Winters et de Chris Penn qui nous ont respectivement quittés les 15 et 24 janvier 2006. J’avais prévu un hommage à ces grands acteurs à travers leurs rôles les plus atypiques, leurs films les plus obscurs et stimulants, les naufrages où ils se sont abîmés, leurs cachetons les plus répréhensibles et les plus irrépressiblement tordants, la place qu’ils occupent dans nos mémoires comme les différentes facettes de carrières qu’il nous reste à redécouvrir. J’avais prévu large à dire vrai ; je comptais bien embrasser dans un même élan, et avec cet art consommé de la transition funambule qui suscite invariablement chez Juliette un haussement de sourcil lourd d’inquiétude et de réprobation, embrasser, donc, Munich, Virus cannibale, la bonne santé du fanzinat hexagonal – encore qu’il faudra d’ici peu se résoudre à parler du baroud d’honneur de Médusa fanzine – et puis... et puis... Bref, du labeur pour notre webmaster bien aimé et néanmoins exilé, tout autant que matière à provoquer l’incompréhension voire la colère d’une partie de nos audinautes devant tant de propos embrasés par la passion tout autant que le Brouilly, mais toujours drapés de la naïveté et de la fraîcheur d’une première communiante qui énumèrerait les pires horreurs forte d’ une innocence gourmande. Avec peut-être, enfin, à la clef cette lettre d’injures tant escomptée que j’en suis presque venu à quémander.

Las. Les soubresauts du monde nous rattrapent, nous éclaboussent... A quoi bon ? A quoi bon célébrer la déviance et ses vénéneux chemins de traverse ? Quelle est l’utilité de cette chronique de Cinéma Bis ? En plus, du Bis ! Ce cinéma impur par excellence qui se rit des barrières, qui malaxe les influences au mépris du bon goût, du copyright, parfois de la plus élémentaire grammaire filmique, et qui de surcroît brandit plus souvent qu’à son tour l’ambiguïté comme argument premier. A quoi bon s’user les yeux et le foie à l’heure où sous la houlette de Mouloud Aounit, une partie du MRAP décide que la liberté d’expression trouve ses limites là où achoppe la compréhension des militants les moins lumineux ?

Non, non, laissez, rien n’y fera... Ce n’est plus comme avant... On ne peut plus...

Pour ne rien vous cacher, je suis moi-même en pleine repentance. Mû tant par la contrition qu’une inclination certaine à l’auto flagellation, ainsi que par le souci de ne plus heurter les convictions de nos audinautes par mes propos déraisonnables de garnement hilare, je suis fier de vous dévoiler le contenu réformé des réjouissances à venir :

Emission du 22 février. Annulation de la critique de Jesus Christ Vampire Hunter (Lee Demarbre, 2001) par respect pour les descendants du Comte suceur. Le patronyme du réalisateur est par ailleurs de nature à inciter nos jeunes ouailles à la fornication dans des infrastructures éprouvantes. Intolérable !

8 mars. Analyse filmique, débat théologique et mise en pratique autour de Dieu les crée, moi je les tue! (Dio li crea... Io li ammazzo! 1967), western spaghetti trop méconnu de Paolo Bianchini. S’il nous reste du temps : Le western italien est-il un humanisme ?

22 mars. Eloge et promotion grassement rémunérée de la prétendue intégrale Tex Avery parue en coffret chez Warner Home Video avec deux cartoons passés à la trappe et 7 autres enfin nettoyés des traces de racisme que le public - ontologiquement passif et amnésique, on le rappelle – n’est pas en mesure de recontextualiser.

5 avril. Test du logiciel mis au point par un mormon afin d’expurger un film de toute violence, de toute nudité et de ses dialogues offensants. Métrage envisagé pour la démonstration : Change de trou, ça fume !


Jaquette jaunie à cœur de la VHS de Meurtres sous contrôle distribuée en 1983 dans la collection Miroir de l’Etrange chez Sun Vidéo. Prosternez-vous !

19 avril. Commémoration du 8 novembre 1976. Pour la première fois en France depuis l’Occupation, un film, L’Essayeuse (1975) de Serge Korber, était condamné à être brûlé, suite aux plaintes des Associations familiales catholiques, de l’Union des associations de familles, des Vieux de Montreuil, des Scouts de France, de l’ Association des sourds et muets et d’une association d’aveugles.

3 mai. Chronique transversale sur le thème : D’une oreille à l’autre ou le destin tragique de la famille Van Gogh entre automutilation et sacrifice rituel.

17 mai. Ouverture du Festival de Cannes par la projection de Da Vinci Code et descente en règle d’icelui, sans l’avoir vu si possible, non pas parce que c’est un attrape-nigauds mystico-parano-pouet-pouet mais parce qu’il fait tousser le pape.

31 mai. Relâche. L’Apple Pie est déclaré bar sans tabac ni alcool.

14 juin. Reprise loin des tentations de ce monde avec le procès en hérésie du scandaleusement talentueux Larry Cohen, réalisateur de Meurtres sous contrôle (1976) dans lequel des quidams bien sous tout rapport il y a encore quelques secondes se mettent subitement à trucider leur prochain sous l’emprise d’un messie blondinet venu d’outre espace et dont le sexe reste matière à controverse. Titre original : God told me to.

28 juin. Si Dieu me prête vie et me guide sur le chemin rutilant de la sagesse et de la vertu, projection et panégyrique du légendaire film fantastique qui voit Salman Rushdie châtié par le Créateur pour son oeuvre blasphématoire, effets spéciaux rudimentaires à l’appui. Lapidation de l’écran vivement recommandée à l’issue du spectacle.

Je croyais toucher à la rédemption par ma défense du Beau, du Vrai, du Juste et du Bon ainsi que mon respect des particularismes barbares de chacun. Et pourtant, une voix, une injonction, une objurgation, ne cesse de se rappeler à ma mémoire, minant d’un vibrant appel à la libération régressive toute tentative de faire amende honorable. Cette voix – désignons la coupable à la vindicte populaire – est celle de Leslie qui lors de notre dernière réunion, et dans un souci bien irresponsable de valorisation des chroniqueurs s’adressait à nous en ces termes : «Pour l’émission du 22 février, allez-y ! Foncez ! Soyez trash !». Et comme je suis un garçon obéissant...




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