Chroniques de cinéma-bis

Repères, anecdotes et noms écorchés au micro

- On voulait rendre hommage à nos chers disparus... (émission 86 du 2006-02-08)
- Mummy blues et vieilles lanternes (émission 83 du 2005-12-13)
- Turkish Pop Cinema Double Bill (émission 81 du 2005-11-15)
- Bacchanales infernales : le Péplum décadent (émission 74 du 2005-05-17)
- Mario Bava et Jesùs Franco : oui au cinéma fantasmatique européen (émission 73 du 2005-05-03)
- Le nouveau Trash Times (émission 70 du 2005-03-22)


Intro :

Extrait de la bande originale de Danger Diabolik (Ennio Morricone, 1967).


Surveillez les kiosques !

Sueurs Froides # 24 e-zine du cinéma off. Téléchargeable sur le site de l’association Sin’Art : www.sinart.asso.fr. Possibilité d’y commander Le Charognard (EMI N° 73).

Erratum : dans son survol du sommaire de ce numéro, notre chroniqueur, rendu fébrile par la présence de quelques films de Jesùs Franco et de la section érotique, n’a pas hésité à affirmer péremptoirement que le Necronomicon critiqué n’avait rien à voir avec Lovecraft. La fois prochaine, il lira les fanzines avant d’en parler : il s’agissait en fait du Necronomicon de Christophe Gans, Shusuke Kaneko et Brian Yuzna (1993), qui puise fièrement son inspiration du côté de Providence, et non du Succubus / Necronomicon de Franco (1967) à la filiation nettement plus compromise.

Bacchanales infernales : le Péplum décadent

Au-delà de ses alibis historico-scandaleux, l’érotisme et le sadisme étaient les seules raisons d’être de la vaguelette de Péplums décadents qui ont émaillé la ruine de Cinecitta de la fin des années 70 au milieu des années 80. Ces éléments, fort racoleurs mais qu’on aurait tort de rejeter sans autre forme de procès, comptaient déjà, à moindre dose, parmi les apports majeurs du Péplum transalpin des années 60. Caligula, de par son écartèlement perpétuel entre aspirations historiques, délire baroque, exploitation sensationnaliste et porno de luxe, portait en lui la naissance et le tombeau du genre. Une poignée de productions fauchées s’obstina néanmoins à livrer des versions toutes personnelles du règne dissolu de quelques souverains, au mépris des manuels et, assez souvent, des spectateurs. Demeurent quelques bouffées délirantes encore susceptibles de surprendre en une époque d’intense formatage.

Messaline, impératrice

Messaline, impératrice et putain (AKA : MESSALINA, MESSALINA)
de Bruno Corbucci
STUDIO : MEDUSA DISTRIBUZIONE
Italie/ 1977
GENRE : TU QUOQUE, MI PHALLUS
AVEC : ANNEKA DI LORENZO, VITTORIO CAPRIOLI, GIANCARLO PRETE, Tomas Milian, Lino Toffolo...
MUSIQUE: Guido & MAURIZIO de Angelis
DUREE : 81 MIN.
SUPPORT : VHS SECAM (FRANCE)
EDITEUR : Carrere Video – Broadway
LANGUE : FRANCAIS

La vraie décadence d’un genre survient toujours lorsque la parodie et le gros comique s’en mêlent. Le western italien en est mort. Contre toute attente, dans le cas du Péplum décadent, sous-genre déchu dès sa naissance et promis à une longévité aussi succincte que ses scénarios prétextes à enfiler frasques molles et exactions poisseuses, la grosse rigolade a pu avoir ses vertus.

Avec Bruno Corbucci, cheville ouvrière de la comédie grasse du bide et fière de ses flatulences, les liaisons carnassières ne sont plus que cocufiages, les intrigues de palais virent aux bisbilles lénifiantes entre demeurés et la fascination du pouvoir trouve sa meilleure expression dans les renvois nauséabonds éructés en fin de banquet par le bigleux de service. On portera au crédit de notre épais gaillard une trivialité déversée par baquets et finalement bienvenue au regard de la solennité de plomb de rigueur dans le Péplum américain. Gageons que cette approche nonchalante et fantaisiste n’est pas pour rien dans l’incroyable (et jovialement absurde) carnage final. Quatre minutes de barbotage hilare ! Un point de non-retour ici encore et pourtant la preuve qu’un genre, pour éphémère et compromis qu’il fût, trouve souvent dans l’outrance de ses artisans la force, si ce n’est de se régénérer, tout du moins de s’offrir de surprenantes et fugaces variations.

Les amateurs d’orgies romaines pourront se ruer sur :

Caligula

USA/Italie. 1976-77. Réal : Tinto Brass et Bob Guccione. Int : Malcom Mc Dowell, Teresa Ann Savoy, Peter O’ Toole... Mus : Paul Clemente. DVD Zone 2 (France) chez Seven 7/ Metropolitan en deux éditions : Simple (version courte, la plus « proche » de la vision de Tinto Brass) et Collector 2 DVD (version longue enrichie des ajouts hardcore de Guccione).

L’ indétrônable classique du genre. Grand film malade dont la production chaotique vaut à elle seule son pesant de sagas antiques. Déjà joliment déviant et Bis à l’origine (passablement perdu dans ses décors monumentaux, Tinto Brass oscille entre flamboyance et inertie), le film subit une ultime mutation sous les coups de boutoir de son marchand de fesse de producteur : substitution à l’aveuglette de prises ineptes et déballage remarquable de sexe explicite. En terme de continuité et de cohérence narrative, c’est du vandalisme. Pourtant, une fois n’est pas coutume, les turpitudes du montage revisité couronnent à merveille ce cloaque de stupre et de sang.

Et jeter un oeil amusé sur :

Les Nuits chaudes de Cléopâtre

Italie/ France. 1983. Réal : Cesar Todd alias Rino di Silvestri. Int : Marcella Petrelli, Rita Silva, Jacques Stany... VHS (France) chez Eagles Films.

Où quand l’un des tâcherons les moins scrupuleux du Bis transalpin s’essaie à la fresque délurée avec une autre figure fantasmatique du genre. Gare ! Les nuits sont fraîches, les extérieurs des stock shots défraîchis et l’action confinée dans les studios.


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