Polar à la plage

Ils ont a-do-ré Le Havre ! Certains depuis l'an passé, puisqu'ils avaient déjà répondu à l'invitation des Ancres Noires. La plupart d'entre eux ont été fascinée par le port, par la baie, les porte conteneurs, par le contraste entre la ville haute -ses maisons bourgeoises datant souvent du 19e- et la ville basse - presque totalement détruite en 44…Qui sont-ils ? Qui sont-elles ? L'énigme est vite résolue : les auteurs (oserons-nous auteuses ?) de polar invité e s cette année par les ANCRES NOIRES pour le festival du Polar à la plage.
Ils étaient 22 et nombre d'entre eux venaient pour la 2e fois à la rencontre d'un public havrais que le vent et la pluie n'ont pas réussi à décourager !

2 juillet :
L'ouverture du festival se passe le vendredi soir à l'AGORA, avec un boeuf mémorable entre AMATYS et un Philippe CARRESE (Le bal des cagoles , Une belle histoire d'amour...) déchaîné... tel le Jerry Lee Lewis du Vieux Port! Après ça un grand moment de cabaret avec Christian ROUX (Braquages, Placards…) au piano droit, accompagné au chant par sa compagne……A la fin du concert, je repère un type en pleine conversation avec Dominique DELAHAYE (Un été de plomb, Compression de personnel), saxophoniste et agitateur local bien connu des audinautes de R.A.P. (écouter sa dernière interview) : mais oui, c'est bien Mouloud AKKOUCHE (Avis Déchéance, Les ardoises de la mémoire...)! Sur la quatrième de couv' des Ardoises... il avait une tête de tueur : on rencontre un type sympa, volubile et speed avec lequel nous passerons une bonne partie de la fin de soirée…On lui arrache bien sûr la promesse d'une interview dès la deuxième tournée de bières !

3 juillet :
Vent limite tempête. Panique sur la promenade de la plage. Des rafales terribles, et un ciel fort maussade.

Arrivés à 14h30, nous réalisons que R.A.P. ne pourra pas s'installer comme prévu sous une tente (elle s'envolerait). Le Théâtre Universitaire se replie lui aussi. Et les copines des ANCRES NOIRES qui vendent disques et T.Shirts sont logées à la même enseigne : 2 jours durant elles seront dans les courants d'air ! Les RED LEZARDS et YAKA qui jouent le long de la plage, ont eux aussi du vent dans les voiles…et un public plus réduit, forcément ! Crevés par nos abus de la veille, on arrive à se faire héberger entre Spirales du Temps et les Yeux d'Elsa (merci à eux, merci Khamsa) près de l'atelier d'écriture (merci aussi) et il nous reste 3 bonnes heures pour faire le tour du site, repérer les auteurs, suivre les conférences et faire quelques interviews...
Mouloud AKKOUCHE ne peut pas se défiler. Affirmant qu'il n'est pas " bon dans ce genre d'exercice ", il nous accordera pourtant une longue interview ou il sera question de Montreuil (beaucoup), de Kabylie (un peu), de Cayenne et son bagne, de Jean-Bernard POUY, des bobos, de vie de famille et bien sûr de Nassima, la commissaire de police qui sans doute reprendra prochainement du service, pour un 3e volume à la Série Noire...(écouter Mouloud AKKOUCHE). Puis on file écouter la conférence de Danièle CHARREST (L'Etouffoir) : " Femmes et Hommes (personnages et auteurs) dans le roman noir " et il est déjà tard...
Ann GRANGER (Danger de mors...), physiquement comme par son style d'écriture est " typically british ". Polie, charmante, et dans un français impeccable, cette habituée des consulats et ambassades britanniques donne sans sourciller quelques précisions sur sa vie, ses livres à deux intervieweuses visiblement fort peu au fait de son œuvre.(écouter Ann GRANGER).

Nous croisons Maïté BERNARD (Fantômes) sans avoir le temps de lui parler... et nous ne savons pas qu'elle doit quitter le festival en fin d'après midi. R.A.P. ratera donc la rencontre historique entre elle et KOKOR, auteur de B.D. célèbre et néanmoins havrais (invité de l'émi publique N° 36) ; même si ça n'aura pas été autour de notre micro, comme nous l'avait suggéré Maïté BERNARD, nous sommes ravis que cette rencontre ait finalement eu lieu et on espère bien la rencontrer l'an prochain.
21h :
Concert gigantesque autour de la compil Polaroïd Rock avec : Monsieur BU, Dominique COMONT, AMATYS, CHANTYMAN EXPRESS, B.H.L., AMATYS, PABLO, LES SUPER (on ne peut les citer tous) en présence des auteurs qui découvrent à quelle sauce les havrais(e)s ont croqué leurs textes... Un concert gratuit dans une salle de l'AGORA bourrée (certains concerts ont lieu également côté bar) et dès les premières notes du premier morceau, une complicité extraordinaire entre la salle et la scène. Comme si le public était conquis d'avance... Comme si tous les musiciens si divers réunis là en étaient étonnés eux-mêmes, et réjouis. Faut dire que le final est un morceau d'anthologie à bien des égards, puisqu'il réunit François LEBAS, Florent BARBIER, Stéphane LEBOURG, Dominique COMONT, Vincent LE BODO et Dominique DELAHAYE sur un texte de Didier DAENINCKX, rien que ça!
1 heure du mat : Après quelques rafraîchissements bien mérités, il reste encore à prendre le bus pour le THEATRE DE L'IMPOSSIBLE. L'ambiance dans le véhicule bondée est totalement indescriptible : ça boit, ça fume, ça crie, ça chante, ça s'engueule à l'occasion, et durant notre trajet, une espèce de bœuf a capella sur le thème de " ouvrez cette kriss de porte " (expression due à l'origine à une Danièle CHARREST particulièrement remontée) durera un temps infini avec de variations étonnantes…Indescriptible, on vous dit. Tout comme le très beau et dérangeant spectacle auquel nous a conviés la troupe impossible. Dans le décor immense d'une friche portuaire, des saynètes noires se succèdent, effrayantes, troublantes…jusqu'à ce qu'un comédien ou une comédienne ne nous bande les yeux, avant de nous lire un court texte noir en guise de conclusion morbide de ce beau voyage ! Il est deux heures du matin du coup, les bars ferment. On croise Mouloud accompagné de Jean-Jacques REBOUX. Comme nous ils hésitent : continuer la nuit, ou se reposer en prévision du lendemain ? A vous de deviner.

4 juillet :

12h Repas aux Régates avec les auteurs. A l'apéro, deux résultat : c'est Fred qui gagne le concours de nouvelles ! Et c'est l'excellente Virginie BRAC qui reçoit le " prix des lecteurs des ANCRES NOIRES " pour Notre-Dame des Barjots Plus de 100 personnes. Nous nous retrouvons à la table de Philippe CARRESE. Le concert de la veille dit-il " l'a régalé " ! Il a un très bel accent marseillais, doux et chantant, posé, rien à voir avec les caricatures criardes qu'on nous propose à la télé. Celui du Marius de GUEDIGUIAN peut-être... Tombés d'accord pour une p'tite interview dans l'aprème, nous serons comme lui pris de court... vé lui, next time !

14h30 :Retour à la promenade de la plage, avec un temps vaguement plus clément que la veille : moins de vent, mais moins de soleil. Comme on l'entendra, la pluie s'invitera assez rapidement au rendez-vous du noir...
Munis de deux minidiscs, on essaie de " couvrir l'événement " comme des bêtes endiablées ; d'aucuns courent enregistrer les conférences qui ont lieu dans le bus dont une sur la représentation de la violence dans le polar (avec Jean-Hughes Oppel, Jean-Paul Jody, Didier Daeninckx et Dominique Delahaye, présenté par Philippe Brard. écouter le débat violence dans le polar). d'autres passent les auteurs à la question.

Gérard STREIFF (Les caves de la goutte d'Or) nous accorde une longue interview, pleine d'humour, autour de sa collection Polarchives, de ses goûts littéraires, de Cesare BATTISTI entre autres (écouter Gérard STREIFF).

Jean-Huges OPPEL (Chatons, trilogie) lui succède. Pascal qui connaît visiblement l'homme et ses œuvres jubilatoires par cœur, s'enchante à la questionner (écouter Jean Hugues OPPEL).

Puis c'est au tour de Christian ROUX (Braquages, Placards), homme-orchestre à tout faire : écriture, musique, théâtre, et dans le passé, un grand nombre de ces " pt'its boulots " qui font plus tard la gloire nostalgique des écrivains reconnus... (écouter Christian ROUX)

Olivier MAU (Raides dingues) était déjà dans les starting-blocks. Repérable de loin avec sa silhouette dégingandée, son teddy, sa gouaille et ses grands yeux dévoreurs de monde, Olivier MAU est le mauvais garçon repenti, un mauvais garçon au grand cœur, très ému depuis l'interprétation de ses textes la veille par PABLO et YAKA. Il sera le seul, en réponses à nos questions, à aborder frontalement la (sur)vie financière de auteurs de polar... ses débuts d'auteur... et des tas d'autres thèmes sous un angle bien à lui (écouter Olivier MAU).

Didier DAENINCKX (Meurtre pour mémoire, Le crime de Sainte-Adresse... et tant d'autres...) sera notre dernière rencontre du week-end, et non la moindre. Connu aussi bien pour son essai historique étonnant Cannibale, que pour ses contributions aux aventures du Poulpe (La Route du Rom, Nazis dans le métro...), DAENINCKX est comme STREIFF attaché à la mémoire contemporaine, si souvent cachée -par la volonté de politiques pas nets- derrière la grande parade des commémorations lointaines…de tout ça il sera question dans la longue interview qu'il a eu la gentillesse de nous accorder avant de prendre la route vers ses pénates (écouter Didier DAENINCKX)

Voilà c'est fini, on n'aura pas vu Dominique MANOTTI, seulement voisiné avec Yvonne BESSON (merci à elle qui sait pourquoi). Retour à la base, l'APPLE PIE, pour se remémorer tous ensemble les grands moments du Polar A La Plage. Ou nous vous donnons rendez-vous l'an prochain avec toujours plus de sons et de sens.

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Juliette

post-scriptum :
Le gagnant du concours de nouvelles est Fred MINGUET , bravo!

Le 15 octobre à La Galerne : NUIT DU POLAR
En présence d'Yvonne Besson
Les 25 participants au concours de nouvelles seront conviés
Le recueil des 5 nouvelles gagnantes sera présenté
et on fera la fête!